Un contexte d’austérité budgétaire

Ce papier de position s’inscrit dans un contexte général d’austérité budgétaire, qui règne également dans le canton de Fribourg où un plan d’assainissement des finances annoncé en avril 2025 prévoit d’économiser 150 millions de francs sur 3 ans. Les VERT·E·S Fribourg reconnaissent les défis budgétaires auxquels fait face le canton de Fribourg. La combinaison des contraintes légales, de la baisse de la fortune de l’État, des perspectives financières incertaines et des décisions fédérales défavorables appelle sans doute une réponse sérieuse. Cependant, nous ne pouvons soutenir un plan d’assainissement qui repose majoritairement sur une politique d’austérité touchant les plus vulnérables, les personnes employées par l’État, les services sociaux, les investissements écologiques et la mobilité durable – tout en ménageant les hauts revenus et les grandes fortunes. Ces propositions s’inscrivent dans une logique néolibérale appliquée aux finances publiques et visent un affaiblissement progressif du service public et de l’État social. Dans un premier temps, les recettes fiscales sont baissées, puis les prestations sont coupées lorsque les caisses sont vides.

Les VERT·E·S s’opposent aux coupes sociales et environnementales

En février 2025, le groupe VERT·E·S et allié·e·s a présenté dix propositions concrètes pour un programme d’assainissement responsable[1]. Le Conseil d’Etat préfère pourtant couper dans les prestations sociales et environnementales, plutôt que de renoncer à des grands projets d’infrastructure issus du siècle passé, routiers notamment. Les VERT·E·S refusent cette logique alors que des millions sont manifestement disponibles pour des projets de routes de contournement ou la liaison Marly-Matran. Si des économies doivent être faite dans les finances de l’État, c’est bien dans toutes les dépenses qui nuisent à l’environnement.

Pour une fiscalité responsable et sociale

Les VERT·E·S sont pour une fiscalité guidée par la solidarité, la cohérence environnementale et la responsabilité politique à long terme. Des investissements majeurs sont indispensables à la transition socio-écologique de notre société. Ceux-ci sont également judicieux sur le plan économique : le coût des mesures de protection du climat est six fois moins élevé que celui de l’inaction.[2] Le défi que pose la crise écologique demande une action forte de la part du Canton en matière environnementale, dans un contexte où il ne se donne actuellement même pas les moyens d’atteindre ses propres objectifs climatiques.[3] Ces dernières années ont de plus été marquées par des décisions politiques en matière fiscales qui ont privé l’État de recettes au profit des contribuables les plus aisé·e·s. Les inégalités économiques ont également augmenté dans le canton, une infime part de la population ayant vu sa richesse croître considérablement.[4]

Le niveau d’imposition doit donc être déterminé en fonction de la capacité économique individuelle, et adapté aux dépenses publiques et au besoin de la population. L’État doit être en mesure de financer un service public de qualité et de le développer. Dans une perspective de justice sociale, il convient de rendre la fiscalité fribourgeoise plus juste et plus redistributive, en sollicitant davantage les hauts revenus et les grandes fortunes. La fiscalité cantonale doit également respecter les communes, en limitant les transferts de charges qui affaiblissent leur autonomie et leur capacité à fournir des prestations essentielles.

Un service public fort au service de toute la population

Le service public est de plus en plus mis à mal par des mesures d’économie. Les prestations publiques sont réduites tandis que le personnel de l’État est mis sous pression en voyant ses conditions de travail se dégrader. À l’encontre des dynamiques actuelles, les VERT·E·S réaffirment leur croyance en un service public fort, bénéfique pour l’ensemble de la population. Car les biens essentiels comme la formation, la santé, l’eau, l’énergie, mais également les transports publics, les communications ou les infrastructures techniques, doivent être planifiés et financés par les collectivités publiques, seule manière de garantir qu’ils soient accessibles à toute personne ou entreprise de manière équitable. Une infrastructure publique forte et fiable est la base d’une économie innovante. Le canton de Fribourg doit donc offrir des prestations de qualité et garantir à sa population les meilleures conditions de vie possible.

Les VERT·E·S demandent ainsi :

  • La fin des politiques d’austérité budgétaire
  • L’abandon des projets routiers comme la liaison Marly-Matran et les routes de contournement.
  • La suppression des aides étatiques qui entravent la réalisation effective des objectifs climatiques et de biodiversité.
  • La mise en place d’incitations fiscales favorisant les investissements dans des projets d’innovation durables et la réorientation des entreprises afin qu’elles puissent s’inscrire dans un modèle d’économie circulaire.
  • Une politique d’investissements et d’achats durables et éthiques du canton (durées d’utilisation plus longues, augmentation de l’efficacité et de la sobriété).
  • Un barème fiscal favorisant les personnes en situation de précarité et encourageant les modes de vie écologique.
  • L’augmentation de l’impôt progressif pour les hauts revenus, sur la fortune et sur les successions élevées.
  • L’arrêt des politiques de « cadeaux fiscaux » pour les plus fortuné·e·s.
  • Le développement du service public.

Adopté par l’assemblée générale du 3 septembre 2025.

 

[1] Mandat 2025-GC-55 : Un Plan d’assainissement ! Une aubaine pour le climat et la biodiversité ? 
[2]  Kotz et al.: The economic commitment of climate change, 2024. 
[3] Livre blanc des Grands-Parents pour le Climat sur la politique climatique du canton de Fribourg, 2025.
[4] Attac Fribourg: Voici à quoi ressemble l’inégalité, 2025.